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Immigration: le chemin de l’Ontario – Le Devoir

Le Devoir

Malgré les bonnes intentions du gouvernement de François Legault, les immigrants attendus ici à bras ouverts doivent patienter si longtemps qu’ils finissent souvent par se décourager, au point de finir par prendre le chemin de l’Ontario ou d’ailleurs au Canada.

Le 25 octobre dernier, Me Hugues Langlais était interviewé par René Vézina pour sa chronique dans Le Devoir.

Immigration: le chemin de l’Ontario

« On ne sait plus quoi dire pour les faire patienter », dit Hugues Langlais, avocat réputé en immigration, à Montréal, qui se désole de toutes les procédures et de toutes les attentes dont l’arrière-plan est meublé d’arrimages défaillants entre Québec et Ottawa. Comme quelque 200 autres personnes, il participait au premier Sommet sur l’immigration tenu il y a deux semaines à Montréal.

Tout cela survient au moment où la démographie québécoise demeure sous pression, avec des projections inquiétantes pour les décennies à venir. C’est ce que nous apprenait l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) il y a une semaine. Elle signalant un fossé qui ira en s’élargissant.

En gros, d’ici 2041, 64 des MRC québécoises vont profiter d’une hausse de leur population. 40 autres vont voir la leur décliner. Et c’est l’urbanité qui va faire la différence. Bravo pour les villes, dommage pour les autres.

D’une façon ou d’une autre, dit l’ISQ, le Québec va aller en vieillissant. En 2019, 19 % de sa population globale avait 65 ans ou plus, soit une personne sur cinq ; en 2041, 26 %, soit une personne sur quatre. Mais ce vieillissement sera asymétrique et ne frappera pas partout de la même façon.

Oui, les villes centrales continuent de s’imposer et d’attirer du monde. Les banlieues en profitent notamment avec les jeunes familles. Cependant, les régions dites excentriques peinent à garder les leurs. Mais le facteur « immigration » entre aussi en ligne de compte. La croissance démographique de Drummondville, par exemple, repose en bonne partie sur tous les travailleurs étrangers que la ville recrute de mission en mission à l’extérieur. Gaspé, à l’inverse, n’a pas cette chance, même si la ville souffre elle aussi d’une pénurie de main-d’oeuvre spécialisée.

De là l’intérêt de la politique de régionalisation de l’immigration annoncée récemment par le ministre Simon Jolin-Barrette. L’ouverture de plusieurs antennes aux quatre coins du Québec pour encouragera un meilleur déploiement.

Mais encore faudrait-il joindre le geste à la parole et faciliter l’arrivée ici des renforts venus d’ailleurs. Et c’est loin d’être le cas.

Qu’il s’agisse de travailleurs dits « temporaires », ou de gens recrutés avec une garantie d’emploi dès leur arrivée, les délais sont longs avant que leur statut soit reconnu.

Imaginez : pour ceux et celles qui détiennent déjà un permis de travail, les démarches peuvent prendre jusqu’à deux ans, même plus ! Pire, avec les limites récemment décrétées par le gouvernement Legault, plusieurs des immigrants destinés au Québec se voient forcément bloqués par le gouvernement fédéral. Ils risquent alors d’aller ailleurs au pays.

Le calcul est simple : en 2019, on s’attend à ce que le pays accepte globalement 330 000 immigrants. Cette année, le Québec n’en accueille que 40 000, soit à peine 12 % du total. Alors, même que son poids démographique au sein du Canada ne cesse de s’effriter.

« Le Canada en prend plus, mais le Québec moins », dit Hugues Langlais, qui entrevoit bien les conséquences à plus long terme.

Pourtant, la demande de travailleurs, elle, ne cesse d’augmenter. Le plus récent relevé de Statistique Canada situait le taux d’emploi — le pourcentage de gens en âge de travailler qui travaillent effectivement — à un niveau record au Québec : 62 %, du jamais vu. Du nombre, il faut retrancher les étudiants, les gens inaptes au travail et tous ceux qui ne participent ou ne veulent pas participer au marché du travail. Mais il en reste de moins en moins. L’économie du Québec, elle, est en plein essor. Cherchez l’erreur.

« Et encore faut-il qu’au fédéral, on reconnaisse la pénurie qui frappe plusieurs secteurs, notamment dans les métiers », souligne Hugues Langlais. Il ajoute que cette rareté de main-d’oeuvre est peut-être plus durement ressentie au Québec qu’ailleurs au pays. Ceci expliquerait en partie les réactions tardives d’Ottawa.

Au Québec, on le sait, il faut du renfort. Au fédéral, c’est moins clair. Il faut enquêter, obtenir des confirmations de sources différentes, arriver à une conclusion, ce qui peut prendre des semaines, voire des mois. Il arrive qu’on doive procéder à une étude d’impact sur ce qu’une pareille ouverture provoquerait sur le marché du travail pour ne pas pénaliser les travailleurs canadiens.

Fort bien. C’était nécessaire en situation de chômage élevé. Il aurait été odieux de recruter du personnel étranger moins bien payé au détriment des citoyens canadiens. Mais ce n’est plus le cas. On gratte les fonds de tiroir pour trouver du monde, et un entrepreneur impatient risque de voir des contrats lui glisser entre les doigts parce qu’un candidat immigrant pressenti attend toujours d’être accepté… sans compter l’approbation finale qui peut prendre des années.

Mais le Québec n’est pas sans taches.

Ses propres procédures demeurent compliquées. Il suffit d’aller sur le site du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration pour constater à quel point on découpe en petits morceaux toutes les situations potentielles, avec des démarches différentes selon les cas, sans préciser pour autant les délais de traitement des demandes. Et ne commettez pas d’erreur, au risque de devoir tout recommencer ! Alors que nous avons besoin plus que jamais de renfort…

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